La peinture de Souad SAHEL s’érige d’emblée comme un hymne voué à la féminité écrasée sous les crédos. Une élégie aux allures anthracite, zébrée de nuances sanguinolentes et fusant ses airs avec la diffluence d’un soupir délirant. Une invite via l’art à une prise de conscience dramatique du vécu temporel et mystique de la femme, puisant l’appoint pour cela dans le rapport récurrent au quotidien et au patrimoine. Variant savamment ses supports et ses procédés, Souad SAHEL multiplie les approches et les perspectives, estampille ses tableaux d’une empreinte profonde et indélébile qui ne manque de forcer écho chez le spectateur. Elle n’en a cure de braver les muses au fond de leurs tanières vaporeuses, de les acculer au premier plan, les forçant à des mises exubérantes autant pittoresques que pathétiques. Mais la maestria de SAHEL tient surtout au fait que son œuvre est protéiforme, puisque changeant à l’envie ses insufflations, conjuguant habilement les contrastes de tous genres sans faillir à l’harmonie d’ensemble ni à l’univocité du message transmis. Ses muses héritent de vie, de cette vie problématique qui fait pendant à la grisaille de leur condition, confinée, elle, dans les recoins fumeux de la mémoire et de la tradition. A cet égard, SAHEL hisse son art au rang d’expression subversive et dénonciatrice, avec une pétulance chromatique inégalée. Sous les aigrettes de son pinceau, donc, les silhouettes féminines clament, d’un silence abasourdissant, le droit de cité et la dignité rattachée, par essence, à la vie au sens pur. Abdennour Bouyahyaoui